Une pluie de miel caresse désormais les jardins.
La lumière douce apparait en filigrane derrière chaque branche d’arbre, et même si officiellement l’été s’en est allé, ces derniers jours, il nous a semblé qu’il rebroussait chemin pour venir chercher les rayons qu’un soleil bienveillant avait laissé tomber par mégarde.
Il suffit de se promener en forêt pour ressentir des émois quasi primaires au contact de cette somptueuse nature automnale.
Respirer à pleins poumons l’odeur de l’humus, se délecter des craquements de feuilles et de glands sous nos pas, écouter ce silence si grandiose fait de mille petits bruits imperceptibles.
S’immerger.
Prendre un grand bain de nature, de couleurs, de vie, comme on plonge du haut d’une falaise dans les eaux iodées et vivifiantes de l’océan.
Les camaïeux terracotta, bruns, pourpre qui caressent les feuilles des arbres, font danser tous nos sens, imprimant dans chacune de nos cellules leur belle énergie, l’ADN de la vie, et à mesure que les branches se dénudent dans une chorégraphie pudique et subtile, nous restons là, éblouis, face à ce spectacle divin.
Dans quelques semaines, comme l’été l’a fait avant lui, l’automne tirera sa révérence pour laisser doucement s’installer l’hiver, et tout comme nous le fûmes de la belle saison, celle qui lui succèdera, nous laissera nostalgiques.
Nostalgiques de ses couleurs, de sa douceur, de tous les jolis souvenirs que nous y avions tricotés.
Le passé possède le pouvoir de faire d’un simple souvenir un moment féérique, d’une simple absence, un abîme.
Les détails de notre quotidien se succèdent, et nous n’avons pas toujours conscience que, de la manière dont nous les aborderons aujourd’hui, dépendront nos états d’âme de demain.
Enchainer les instants de vie comme on croque dans une pomme juste pour calmer sa faim, sans conscience, sans conséquence, sans prendre le temps de sentir couler doucement chaque goutte de sucre dans sa gorge, sans apprécier la texture ferme et légèrement granuleuse du fruit, la rondeur de sa chair, ses notes acidulées, c’est s’exposer à un risque.
Celui de regretter.
Regretter de ne pas avoir su profiter d’une occasion, aussi anodine soit-elle, et que cet évènement consommé par omission, vienne demain nous hanter, nourrir notre mélancolie, notre spleen.
Et aussi vrai que l’automne est le printemps de l’hiver, l’instant qui précède est toujours le printemps de celui qui suit, alors soyons attentifs, ouverts à chaque proposition et vivons-la réellement comme un cadeau, un « présent » 😉
Entourons chaque petit instant de vie, le plus beau comme le plus pénible, d’un ruban de soie rose et parcourons-le avec attention, conscience, amour, bienveillance.
Traversons dés aujourd’hui toutes ces scènes, exactement comme on aura envie de s’en souvenir dans dix ou vingt ans, histoire de ne pas avoir, le moment venu, à regarder par dessus l’épaule 😉
Et pour éviter d’être nostalgique quand viendra l’hiver, célébrons tout de suite l’automne dans ce qu’il a de plus festif, de plus flamboyant avec une recette haute en couleurs, une envolée de saveurs, de textures, de promesses…
Une base légère et facile à réaliser inspirée de la socca de Nice, ma ville de coeur, et d’une crème verte et soyeuse sur laquelle faire éclore un arc en ciel de couleurs.
Des carottes multicolores, des betteraves, légumes racine reliés directement à la terre l’élément fort de la saison, riches en anthocyanes, des pigments naturels, source de vitamine E, bons pour notre peau, mais aussi des vitamines A et C pour un effet antioxydant maximal.
De la farine de pois chiche, qui conserve toutes les propriétés de cette légumineuse à très haute teneur en protéines et en lipides assimilables, des fibres, des vitamines dont la vitamine B9 indispensable au bon fonctionnement de nos globules rouges.
Mais aussi des oligo-éléments nécessaires au bon développement du métabolisme, agents protecteurs majeurs contre les radicaux libres dont le manganèse et le cuivre présents à profusion.
Ils interviennent dans de nombreux processus métaboliques, en particulier dans la préservation de la membrane entourant les cellules de l’organisme, une protection indispensable pour lutter contre le stress oxydatif responsable de certains cancers, des maladies coronariennes, neurodégénératives et du vieillissement cutané.
Précisons que la farine de pois chiches est totalement dépourvue de gluten.
Ce qu’il me faut pour 4 personnes
La galette :
- 60 g de farine de pois chiches
- 10 cl d’eau
- 2 cs d’huile d’olive
- sel, poivre
- 1 cc de graines de fenouil
- 2 cs d’estragon émincé
- 2 cm de gingembre râpé
La crème :
- 2 avocats mûrs
- le jus d’1/2 citron vert
- 100 g de pois chiches cuits et égouttés
- 1 cs de tahini
- sel, poivre
La garniture :
- 1 carotte pourpre
- 1 carotte jaune
- 1 carotte orange
- 1/2 betterave Chioggia
- quelques feuilles de coriandre
- une poignée d’amandes effilées ou de pignons de pin
C’est parti !
J’allume le four à 200° et prépare ensuite la galette en mélangeant les ingrédients qui s’y rapportent dans un bol, pour verser ensuite la préparation dans un moule à tarte recouvert d’un papier sulfurisé.
Je laisse cuire environ 5 min, la galette doit être bien dorée.
Pendant ce temps je prépare la crème, qui s’apparente à une sorte de houmous d’avocat.
Pour cela il me suffit de mixer les pois chiches égouttés avec les avocats, le tahini, le jus de citron, le sel et le poivre.
Bien entendu, vous pouvez ajouter de l’ail si vous aimez ça, ou du piment, moi je préfère une version plus soft.
Mixez jusqu’à obtenir une crème lisse et soyeuse, n’hésitez pas à ajouter un peu d’eau si ce n’est pas le cas.
Puis déposez là dans une poche à douille.
Une fois la galette refroidie, il ne reste plus qu’à la garnir avec le houmous d’avocat, pour y faire fleurir de jolies pétales de carottes rainbow ponctuées de betterave Chioggia. Pour cela il suffit de découper à l’économe de longs rubans que vous roulerez sur eux-mêmes.
Quelques pluches de coriandre, et pourquoi pas quelques amandes effilées juste dorées à la poelle ou quelques pignons et vous pourrez croquer dans cette galette généreuse et réconfortante.
La preuve que l’on peut toujours combattre la grisaille, quelle que soit la saison, idem dans vos coeurs et quel que soit le terreau de base.
Laissez s’envoler les mauvaises pensées et tout ce qui vous encombre au vent d’automne pour ne cultiver que bienveillance, joie et bonne humeur 😉
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