Fricassée de cèpes, sur dahl de lentilles corail…

 

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Connaissez-vous ces étranges petits êtres vivants, qui n’appartiennent ni au règne végétal ni à celui animal, nés d’un baiser de soleil posé le long d’un sous bois humide et chaud?

Ils élisent domicile au pied d’un châtaignier, d’un chêne ou d’un hêtre, et s’installent sporadiquement avant les premières gelées pour s’imprégner de la sagesse de ces grands philosophes séculaires et vivre en symbiose avec leurs racines.

Ce règne à part, c’est celui des champignons.

Ces petits lutins ventripotents et bien chapeautés n’ont pas leur pareil pour titiller tous nos sens, déchainer passions et convoitise, appétit, envie, avidité, curiosité.

Leur pousse très rapide, résulte, d’après les scientifiques, d’un phénomène de fermentation, suite à une hydrométrie, une température et un ensoleillement adéquats, mais la réalité est sûrement toute autre, plus fascinante, mystérieuse, fantasmagorique.

Un miracle elfique vieux comme le monde, qui, pourtant, ne manque pas de nous émouvoir à chaque fois, de nous captiver.

Et c’est ainsi que peu avant l’hiver, lorsque les arbres pleurent leurs feuilles, que la terre ivre des dernières pluies d’automne offre ses sous-bois dorés et odorants aux timides rayons du soleil, que la lune y ajoute fraîcheur et mystère, qu’éclosent des milliers de petites créatures caméléon, rusées, joueuses et joyeuses.

Sourdes à nos appels, elles savent cependant se faire entendre et nous montrer le chemin au moyen d’un  lexique non verbal, fait de codes, signes, usages, légendes et chants d’oiseaux.

D’autres fois, elle se plaisent à volontairement brouiller les pistes, se confondant alors à des parterres brodés d’or, des dentelles de fougères, ou à de précieux camées de glands.

Elle nous obligent à nous engager d’avantage.

Avancer.

Revenir sur nos pas, au risque de nous perdre…

Leurs messages secrets ne sont audibles que par l’initié.

Celui qui, avec ses yeux et son coeur  sait reconnaître un trésor d’un leurre, un cèpe d’une amanite, une vie, un coeur qui bât, sous un tapis de feuilles mortes, celui qui s’émeut, s’émerveille du vrai, du pur, en totale communion avec cette nature, féconde et généreuse.

Et subitement lorsque tout est en harmonie, à sa place, et que l’on se retrouve en situation d’adhésion face à la vie, nait alors un sentiment merveilleux de joie de plénitude qui efface le temps, stabilise la conscience et nous fait sentir vivant.

Enfin.

La même émotion jaillit lorsque d’un geste franc le couteau coupe la base du pied, et que le bolet céde, quitte la terre nourricière pour abandonner sa rondeur, ses courbes régulières et généreuses, ses effluves forestières dans nos mains reconnaissantes.

Autrement dit, c’est lorsqu’on lâche enfin le contrôle, lorsqu’on accepte la vie dans ce qu’elle a de plus imprévisible, de plus sublime, de plus simple, que surgit  le vrai, l’indicible.

« Quand le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent » (Yoga Sutras Patanjali Chap II-37).

Et à mesure que l’on avance, respectueux des profondeurs boisées, les trésors se révèlent.

Des colonies de champignons s’offrent à nos yeux émerveillés, remplissant nos paniers aussi vite que nos coeurs, d’une belle énergie vitale.

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Le cèpe ne peut être semé, arrosé, cultivé.

Il est farouche, indomptable, libre.

Tout comme ces petits bonheurs, ces heures bleues, ces cadeaux de la vie, qui nous tombent dessus à l’improviste.

Retenir son souffle pour habiter l’instant, s’agenouiller pour exprimer sa gratitude, cueillir et savourer.

Apprécier pleinement, ces joyeuses minutes en suspension, où nos pieds ne touchaient  plus le sol.

Tout comme cette recette née d’un retour de promenade en forêt, au petit matin, et d’un rêve éveillé d’évasion de l’autre côté du Gange…

Rencontre improbable entre deux continents, deux cultures, deux traditions pour un instant de réconfort universel, savoureux et coloré.

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Le dahl à base de lentilles corail, et d’épices est un véritable cadeau.

Préparé rapidement il ne renferme que des ingrédients bienfaisants pour le corps qu’il nourrit et l’esprit qu’il apaise.

Et en tête de liste se trouve le ghee, ce beurre clarifié, composant phare de la gastronomie indienne et de la cuisine ayurvédique, issu d’un beurre classique duquel on a éliminé l’eau, le lactose et les protéines, véritable aliment noble, quasi sacré.

Pourquoi on va l’adorer ?

  • Tout d’abord, contrairement au beurre, le ghee ne s’oxyde pas.

En effet, le processus de clarification du beurre permet de ne garder qu’une partie de ses composants, ceux-ci ayant la particularité de se conserver bien plus longtemps qu’un beurre classique, même à température ambiante.

  • Il résiste aux cuissons même à haute température.
  • Il est dépourvu de lactose, le beurre ayant été clarifié, il ne contient plus de protéines de lait.

En ayurveda, le ghee est estimé pour ses vertus régénérantes, nutritives et nettoyantes. Rééquilibrant, il facilite le processus digestif. Riche en antioxydants phénoliques, il est également recommandé pour éliminer les toxines et renforcer le système immunitaire.

Le ghee contribue également à l’amélioration de la mémoire, apporte l’élasticité à la peau, nourrit le système osseux et les tissus nerveux, améliore considérablement le sommeil, produit des effets rajeunissants car il provoque la régénération intensive des nouvelles cellules et des tissus.

Bref sa pureté, sa luminosité, sa légèreté et sa transparence font de lui un aliment en or.

Ne vous fiez pas aux apparences, bien qu’entièrement veggie, ce plat n’est pas dépourvu de proteines.

En effet, l’association légumineuse (lentilles) céréales (riz complet) permet l’absorption d’acides aminés de qualités.

Les céréales ne contiennent pas tous les acides aminés essentiels, les légumineuses non plus : les premières manquent de lysine, les secondes de méthionine. Chacune possède,  celle qui manque à l’autre.

La solution : les associer dans un même repas 😉

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Ce qu’il me faut pour 4 personnes :

  • 200 g de lentilles corail
  • 100 g de riz basmati complet
  • 1/4 de potimarron détaillé en petits cubes
  • 10 cl de crème de coco
  • 1 cs de ghee (beurre clarifié)
  • 1 oignon
  • 1 poignée d’épinards en branches
  • 1 gousse d’ail
  • 2 cm de gingembre frais
  • quelques feuilles de coriandre fraiche
  • 1 cs de graines de fenouil
  • 3 gousses de cardamome
  • 1 cc de curry
  • 1 cc de curcuma
  • Une pointe de Piment (facultatif)
  • 1 cs de coco en poudre
  • 2 ou 3 cèpes
  • 1 poignée de noix de cajou
  • sel

C’est parti !

  • Je commence par rincer les lentilles, et le riz et les laisse tremper 1 h puis une fois égoutés je fais cuire le riz dans deux fois son volume d’eau.

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  • Dans une cocotte, je fais revenir l’oignon émincé dans le ghee, puis j’ajoute les épices, le gingembre, l’ail, les graines de cardamome débarrassées de leur coque, les dés de courge et les lentilles.
  • Je remue bien et verse de l’eau jusqu’à couvrir le mélange.
  • Porter à ébullition et faire cuire une quinzaine de minutes environ
  • Ajouter en fin de cuisson les épinards frais, la crème de coco et laisser mijoter encore 2 minutes.

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  • Pendant ce temps, je fais cuire les cèpes brossés, et coupés grossièrement, dans une poêle huilée, après avoir pressé une gousse d’ail.

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  • Une fois que les champignons sont bien dorés, il ne me reste plus qu’à dresser l’assiette ou le bol, au choix, en incorporant le riz au  dahl ou en le présentant séparément.

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  • Quelques feuilles de coriandre, une pincée de noix de coco râpée, et quelques noix de cajou, et c’est prêt !

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Voici de quoi vous entraîner à repérer un petit bonheur lorsqu’il se présente  😉

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La texture gourmande des cèpes apporte profondeur, élégance et originalité à ce dahl…

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Et si vous ne trouvez pas de champignons des bois, vous pourrez toujours vous rabattre sur des champignons de Paris, ou des shitakés 😉

Velouté pâtisson, crème d’amande et gingembre…

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Les premiers frimas sont là.

L’automne se consume peu à peu, comme la bûche que l’on dépose dans l’âtre, en espérant qu’elle nous tiendra chaud encore quelques heures.

L’été indien que l’on pensait apprivoiser s’en est allé.

Parti adoucir d’autres latitudes, il cède désormais sa place à un hiver taiseux et impatient.

L’hiver est une saison qui mobilise beaucoup d’énergie. L’organisme doit affronter le froid, les jours raccourcis, le manque de lumière, la pluie, les épidémies….

Rechercher le repli,  le calme, le retour à soi, après de si belles envolées estivales est nécessaire.

Cloner la nature dans ce qu’elle a de plus vrai, plonger à nouveau ses racines dans la terre nourricière pour résister aux vents froids et se régénérer.

Déposer ses bagages, pour goûter à l’état de sérénité qu’offre le repos, le lâcher prise.

Ralentir le rythme et faire vibrer à nouveau les routines que la belle saison avait mises en sommeil, celles qui font qu’en dépit de tout, l’hiver nous inspire…

Se glisser à nouveau dans un pull confortable et douillet, sentir le contact apaisant et moelleux d’une écharpe, d’un bonnet.

Frissonner avec délice.

Se rassembler à l’intérieur ; à l’intérieur de soi aussi…

Faire un feu et observer avec enchantement la magie opérer, des craquements du bois jusqu’aux premières étincelles, les contours de la flamme qui danse, hésite, au rythme d’un soupir imperceptible et léger.

Le feu respire de notre souffle coupé.

Il nous émeut, nous captive, nous hypnotise.

Il sublime l’ordinaire.

Confectionner ainsi de petites scènes d’hiver, comme nous avions su honorer l’été, et aimer éperdument ce retour à la maison, en toute sérénité, à l’abri du reste du monde.

Finalement, l’hiver se révèle être une saison bien plus hédoniste qu’on ne le croit puisque tout pousse à la volupté, aux plaisirs simples, comme regarder tomber la pluie, se glisser dans un bain chaud, ou poser amoureusement ses mains autour d’un bol de soupe fumante pour se réchauffer…

Les potages crémeux font écho à ce besoin de réconfort, de douceur.

Ils nous ancrent dans nos sensations en toute conscience, mobilisent tout notre être à éprouver un plaisir simple et délicieux.

Véritables armes de destruction massive contre les radicaux libres, les soupes permettent aussi grâce à leur richesse en légumes d’apporter les nutriments et les antioxydants nécessaires à notre bien-être tout en nous hydratant.

Anti-fatigue, anti-grise mine, anti-rhume, anti-déprime, coupe-faim, détox, les soupes, selon la version choisie, ont chacune mille et un messages à nous transmettre.

Délicieuses petites pépites réconfortantes, à nous de savoir les exploiter au mieux pour en retirer tous les bienfaits.

Chaque légume permet d’atteindre des sommets de plaisir, et le pâtisson, variété quelque peu oubliée n’échappe pas à la règle.

Il propose généreusement sa pulpe ferme, d’un blanc laiteux, légèrement sucrée, dont la saveur évoque celle de l’artichaut, à la réalisation d’un velouté tendre et suave, à consommer sans modération comme antidote à l’hiver.

Très riche en eau et particulièrement digeste, ce ne sont pas ses 16 kcal/100 g qui vont nous faire rougir.

Contenant beaucoup de minéraux, en particulier du potassium qui assure le bon développement des cellules nerveuses et musculaires, il n’est pas en reste côté vitamines et notamment celles du groupe C et B9.

Pour conserver tous les bénéfices des soupes et autres veloutés, il est important de respecter quelques règles simples :

  • ne pas faire tremper trop longtemps les légumes pour éviter la « fuite » des nutriments dans l’eau de trempage.
  • limiter le temps de cuisson pour empêcher la dénaturation des nutriments.
  • favoriser une cuisson à la vapeur douce (95°) pour conserver intactes toutes les vitamines.
  • ne pas découper les légumes à l’avance pour lutter contre l’oxydation de la vitamine C.

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Ce qu’il me faut :

  • un joli pâtisson
  • 2 cs de purée d’amande
  • 80 cl environ de bouillon de légumes
  • 1 cm de gingembre frais
  • une poignée d’amandes pelées
  • quelques feuilles de cerfeuil
  • 1 cs de kasha (sarrasin torréfié)

C’est parti !

  • La veille au soir, je fais tremper dans un bol d’eau filtrée les amandes, non pelées, non grillées et non salées, pour faciliter leur épluchage, certes, mais pas que.

En effet, l’acide phytique et les tanins de la peau rendent les amandes plus difficiles à digérer, et inhibent l’absorption des nutriments. Le trempage et l’élimination de la peau suppriment ces inconvénients et optimisent l’assimilation des minéraux présents dans les aliments consommés tout en prenant soin des estomacs sensibles.

En plus d’être riches en calcium, magnésium et fibres, les amandes présentent une teneur en protéine élevée ainsi que de bonnes graisses, les fameux oméga 3.

  • Je fais ensuite cuire à la vapeur douce une dizaine de minutes le pâtisson afin de l’attendrir, cela facilitera le découpage.

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  • Puis, délicatement, je l’incise sur le dessus et après avoir ôté toutes les graines, je creuse avec une cuillère à soupe pour en récupérer la chair.
  • Je la mets ensuite dans un mixer, avec le bouillon de légumes chaud, le gingembre, l’estragon, et la purée d’amande, et je mixe jusqu’à l’obtention d’un velouté so creamy 😉

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Il ne me reste plus qu’à le verser dans sa belle embarcation d’origine, ou directement dans un mug pour le déguster, bien chaud, parsemé de cerfeuil, d’amandes pelées, et de graines de sarrasin torréfiées pour le côté crunchy .

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Prêtes pour l’hiver 😉